Concepteur d’une époque particulière

Il y a plus de mille ans, un homme politique fut témoin de la tumultueuse période des Trois Royaumes postérieure de Corée. C’est Choi Seung-ro qui contribua grandement à établir les fondements de l’autorité royale de la nouvelle dynastie Goryeo.


De Shilla à Goguryeo

Choi Seung-ro est né en 927 dans une famille noble de Shilla. Sa naissance réjouit ses parents qui attendaient depuis longtemps un enfant. Lorsque Gyeon Hweon du royaume de Baekje attaqua Gyeongju, la capitale de Shilla, son père Choi Eun-ham se réfugia dans un temple bouddhique avec le bébé et le cacha derrière une statue du Bodhisattva. Et il pria pour la sécurité de son fils bien-aimé avant de quitter le lieu. 15 jours plus tard, quand il revint au temple après que les forces de Baekje ont reculé, il constata que le bébé sentait le lait et était tout propre comme si on venait de lui donner un bain. Le père remercia le Bouddha pour avoir protégé son fils.

Lorsque le garçon avait dix ans, le roi Gyeongsun, le dernier souverain de Shilla, céda le royaume qui dura un millénaire à Taejo, roi fondateur de Goryeo. La famille de Choi s’installa alors à Songak, aujourd’hui rebaptisé Gaeseong. Le nom de Choi Seung-ro devint rapidement célèbre dans toute la capitale du nouveau royaume.

En effet, il était réputé pour son talent académique dès sa plus tendre enfance. A l’âge de 12 ans, il récita les « Analectes de Confucius » par cœur devant le roi Taejo, qui le loua hautement et lui donna un cheval et 20 sacs de riz. De plus, le garçon eut l’honneur d’entrer à Wonbongseong, une institution académique publique où seuls les érudits furent admis. Mais il lui fallut attendre de longues années pour déployer ses compétences.


Mise en place de la base du système politique de Goryeo

Si Choi Seung-ro était obligé de rester quelque peu à l’écart de la cour pendant plus de 20 ans, c’est qu’à l’époque, les personnes ayant fait leurs études à l’étranger recevaient un traitement préférentiel dans le monde politique par rapport à celles qui restaient uniquement à Goryeo. Ce n’est qu’après qu’il rencontra le roi Seongjong, le sixième monarque de Goryeo, que ses talents furent enfin révélés.

Gwangjong, le quatrième roi, avait mené une réforme massive afin d’affaiblir le pouvoir des puissantes familles des provinces. Ainsi, il ordonna de revoir le système du servage et de mettre en place le système du concours d’Etat. Mais son successeur, le roi Gyeongjong n’eut pas le temps de poursuivre la réforme : il mourut après six ans de règne, plongeant la cour dans une confusion incontrôlable. Le roi Seongjong, qui monta sur le trône en cette période de trouble, décida d’établir un nouvel ordre politique et demanda aux hauts fonctionnaires de se concentrer sur les questions les plus urgentes à résoudre.

En 982, Choi Seung-ro écrivit une longue lettre composée de 28 articles au roi dans laquelle il l’implora, par exemple, de réorganiser le système militaire, d’interdire les événements bouddhistes excessifs et la corruption des moines, etc. Le roi confia une fonction importante au politicien de 56 ans pour qu’il puisse régler la confusion et stabiliser l’administration. La cour mit fin à l’ère de la confrontation avec les puissantes familles des provinces et établit les fondements du royaume qui dura 500 ans.


Une mort paisible

Quand la réforme fut achevée en 988, Choi demanda au roi à plusieurs reprises de lui permettre de prendre sa retraite. Il ne s’intéressait ni au pouvoir, ni à la richesse, ni à l’honneur. Mais Seongjong ne le lui permit pas car il voulait le garder à ses côtés.

Lorsque Choi s’éteignit en 989 à l’âge de 63 ans, le roi pleura sa mort et donna 1 000 rouleaux de toile de chanvre et 500 sacs de riz pour ses funérailles. Plus tard, Mokjong, le septième souverain de Goryeo transféra dans la tombe du roi Seongjong les restes de ce fidèle serviteur qui apporta une grande contribution à la consolidation des bases de la dynastie.