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Cinéma & dramas

Decision to Leave : petit film pour grosses stars

2022-07-06

Séoul au jour le jour


Le film « Decision to Leave » qui a valu à son réalisateur Park Chan-wook, le prix de la mise en scène au dernier festival du film de Cannes en France, en a surpris plus d'un parmi ses fans. Certes le cinéaste avait prévenu en arrivant à Cannes : ce film, produit avec la puissante CJ Entertainment et avec deux stars inter-asiatiques, était différent de ses « Old Boy », « Sympathie for Mister vengeance » ou encore l'excellent « Thirst ». Nous allons voir ce qu'il en est vraiment.


ⓒYONHAP News

* Park Cannes

Il faut rappeler avant de discuter du film plus avant, le passé de Park Chan-wook avec Cannes. On le surnommait depuis « Old Boy » en 2003 « Park Cannes » avec un jeu de mot sur « Cannes » qui peut s’écrire « Khan » comme Gengis Khan. Bref, il était celui qui avait failli obtenir la palme d'or et l'avait manquée de peu avec le Grand prix qui est considéré comme le deuxième prix du festival. Depuis, « Park Cannes » courait après une récompense suprême. On l'avait vu se rapprocher des Français à plusieurs reprises ces dernières années, même si c'est aux Etats-Unis avec « Stoker » et la grande Nicole Kidman puis en Grande-Bretagne avec « The Little Drummer Girl » et Florence Pugh qu'il a rejoint d'abord les rangs des cinéastes internationaux.



* Lust, Caution sans lust ni caution

Le toujours sémillant Park Hae-il interprète donc le détective tout ce qu'il y a de privé Hae-joon. Un gars plutôt réglo et galonné dans son métier totalement inspiré des films Noir hollywoodiens et bien loin de la réalité coréenne. Il est sur la piste d'une étrange affaire : un grimpeur professionnel est tombé d'une falaise. Il en est mort. Ce dernier avait une femme, interprétée par la toujours bien en chair Tang Wei. Evidemment, on voit planer l'ombre du célèbre film de Tang Wei « Lust, Caution » qui a fait le succès de Tang Wei ; vous l'aurez compris, comme Tony Leung Chu-wai, Park Hae-il a vite le béguin pour la jeune veuve mystérieuse. Commence alors un chassé-croisé qui va plaire aux fans des deux acteurs très photogéniques. La deuxième partie tourne à la romance très soft : pas de Kim Min-hee et de Kim Tae-ri s'en donnant à cœur-joie dans toutes les positions et toutes les coutures sur des draps de soie rose. Dans « Decision to Leave » même les talibans néo-confucianistes n'auraient rien à dire, c'est juste si Park Hae-il et Tang Wei osent transpirer.



* Film de commande ?


Le petit prix de la mise en scène à Cannes est un prix de consolation. Il apparaît assez vite que ce projet n'est pas dans la verve de Park Chan-wook. Mais ce n'est pas la première fois : Park a réalisé « Stoker » comme un film de commande américain avec Kidman. Il était déjà plus où moins le professionnel à gage sur le premier blockbuster sud-coréen « JSA ». Et, même s'il s'y exprime mieux, « The Little Drummer Girl » est aussi un projet qui le dépasse à son origine. Dans le cas de « Decision to Leave », on peut deviner deux commandes. La première est celle de CJ Entertainment de faire un film pour relancer le box-office asiatique après la pandémie ; un film avec deux stars locales inter-asiatiques qui n'ont pas encore fait couple au cinéma. Le star-system à fond donc mais sans idoles de la k-pop ou de la pub. La deuxième commande que l'on devine viendrait des français, de Cannes peut-être : un film coréen CJ bon teint qui joue sur le thriller dont la Corée a la réputation en Europe et sur le glamour avec une signature d'un cinéaste sulfureux. Probablement déçus par le film final, le prix de la mise en scène a fait l'affaire. C'est peut-être là, cette double commande, qui est la véritable intrigue de « Decision To Leave ».


ⓒYONHAP News

* L'imbroglio final ?

Ne soyons pas pessimistes : les fans de Park Chan-wook ont beau dire que le cinéaste est fini après ce film au scénario étiré jusqu'à l'ennui, aux dialogues aussi creux que ceux des politiciens à la télévision et à la mise en scène tape-à-l’œil techniquement correct comme on dirait politiquement correct ; juste là pour l’esbroufe de deux stars banquables, Park s'en sort sans trop de dégâts. Les managers du marketing de CJ ne se sont pas trompés en choisissant Park Hae-il, le chéri des Coréennes dans la trentaine mariées ou non, et Tang Wei, célèbre actrice chinoise aussi bien vue des coréennes après son film « Lust, Caution » de Ang Lee (film un peu plus érotique, ceci dit), et son mariage avec un réalisateur sud-coréen Kim Tae-yong. On s'attend donc à un bon box-office local (après le douloureux échecs d'un autre film « cannois » « Broker »), et des flops dans le monde mais compensé par la vente du film dans près de 200 pays.


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