Aller au menu Aller à la page
Go Top

Cinéma & dramas

Count : comédie grotesque pour Jin Sun-kyu

2023-08-02

Séoul au jour le jour


La comédie « Count » signée Kwon Hyeok-jae est arrivée sur Netflix pour remplir des écrans particulièrement indigents, cet été, en Corée du Sud. L'acteur souvent comique Jin Sun-kyu en est la vedette incontestée. Excellent comme à son habitude, il en profite pour raviver un filon traditionnel de la comédie à la sud-coréenne : le grotesque. 


* Boxes et Jeux olympiques de 1988
Même si le film est une comédie loufoque, il est basé sur un contexte très particulier, celui des Jeux olympiques de Séoul en 1988. Ce jeux ont été la cerise sur le gâteau d'un mouvement démocratique qui a fini après des années de manifestations à faire reculer les dictateurs militaires et à enclencher le processus de démocratisation du pays. De torrides souvenirs donc, pour cette génération qui n'est pas celle de l'acteur Jin, né en 1977, ni même celle du réalisateur Kwon né en 1980. Il s'agit donc pour eux d'une nostalgie rêvée probablement à travers leurs aînés. 

Voilà donc Jin en ancien boxeur médaillé d'or des JO de 1988. Dix ans plus tard, il est professeur de sport dans un trou perdu. Il en nourrit un fort ressentiment qui se traduit dans sa personnalité rude et négative. Mais voilà qu'il entre en contact avec un jeune boxeur prometteur joué par Sung Yoo-bin, bellâtre en vogue sur le grand et petit écran. Le lycéen vient de perdre un match à cause des magouilles habituelles. Le vétéran le prend donc sous son aile pour que les deux obtiennent d'une certaine façon leur revanche sur la société. Malgré les résistances de sa femme et du directeur de l'école, Jin va former, tant bien que mal, toute une équipe de bras cassés pour en faire une horde sauvage d'élite. 


* Comédie grotesque
Si l'histoire du film racontée chronologiquement peut apparaître comme un discours très sérieux, voire socio-historico-psychologique, le traitement du film s'apparente plus à une succession de gags plus ou moins grotesques. Citons par exemple, le plus gras des jeunes élèves de Jin qui passe son temps à se faire moquer comme, lorsque pour lui faire faire de la gym, on l'attire avec un hamburger. Le genre grotesque avait tendance à s'effacer peu à peu du cinéma sud-coréen. Il se caractérise par un jeu proche de celui du clown, sans le costume mais avec force grimaces et gesticulations. Le tout baignant dans des scènes de bandes-dessinées des années 1950, ou des films muets des années 1920, comme « Popeye et Olive » ou « Laurel et Hardy ». La spécificité sud-coréenne est d'abaisser les personnages au niveau d'effets comiques « pipi-caca », bas de plafond, tout en essayant d'attirer la sympathie des spectateurs par la pitié pour des personnages tombés si bas. Pourtant le grotesque avait ses lettres de noblesses notamment dans la pantomime. 

Au cinéma, le plus important exemple français étant les films de Louis de Funès ou ceux des Charlots. En Corée du Sud, un film comme « Gagman » de Lee Myeong-se avec l'acteur Ahn Sun-gi avait montré comment utiliser le grotesque de manière intelligente et sensible. Quoiqu'il en soit, au début des années 2010, après un beau succès comme celui de « Clown of a Salesman » en 2015 avec Kim In-kwon, un autre acteur qui excelle dans le grotesque, le sous-genre semblait péricliter au cinéma et se cantonner aux reality-shows de la télé. Le public récent, en se féminisant, semble plus attiré par les comédies de langage que par les comédies de situation. « Count » est peut-être un chant du signe du sous-genre ou une tentative de retour. Cela dépendra des recettes.


* Jin Sun-kyu
Il nous reste cependant à évoquer l'acteur Jin Sun-kyu qui porte le film sur ses épaules du début à la fin. Car ce film est en partie biographique. Jin a voulu être professeur de sport et était un pratiquant d'arts-martiaux dans sa jeunesse. Ce n'est qu'à 21 ans aime-t-il à raconter que son goût pour le théâtre l'a emporté. Après des études à la KNUA, il forme une troupe et monte une comédie musicale « Behind the Mirror ». Toutefois, Jin n'a pas vraiment commencé dans la comédie au cinéma. C'est en se rasant le crâne pour jouer les gangsters de Yanbian dans « The Outlaws », premier gros succès de Ma Dong-seok en 2017, qu’il se fait remarquer. Il enchaîne moult films d'action en tant que second couteau avant de connaître le succès avec la comédie « Extreme Job » en 2018. Dès lors, Jin alterne ses rôles de gangsters et de comique comme, par exemple, un rôle comique dans « Space Sweepers » et un rôle de gangster dans « Confidential Assignment 2 ». Au delà du biographique, on peut donc voir « Count » comme une façon de lier Jin l'homme d'action à Jin le comique.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >