Alors que le débat sur le redéploiement des armes nucléaires tactiques dans la péninsule coréenne refait surface en Corée du Sud, l'Institut de la stratégie de sécurité nationale (INSS) vient de publier deux rapports présentant respectivement les positions de ses partisans et de ses opposants.

Pour rappel, ce type d’armement a été retiré du pays du Matin clair en 1991, suite à la signature par les deux Corées de la Déclaration commune sur la dénucléarisation. Cependant, aujourd'hui, à mesure que la menace nucléaire nord-coréenne se précise, certains hommes politiques sud-coréens demandent une réinstallation des armes atomiques tactiques dans la péninsule alors que d'autres appellent même à l’armement nucléaire du pays. La première option semblant plus réaliste et plus rapide, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour demander sa mise en œuvre.

D'après les documents publiés sur le site de l'institut de recherche le 13 septembre, les partisans du redéploiement mettent en avant essentiellement trois arguments. Selon eux, la Déclaration commune sur la dénucléarisation est devenue de facto caduque depuis que la Corée du Nord a lancé son programme d'armement nucléaire. Puis, la Corée du Sud aurait beau honorer ses engagements relatifs à la dénucléarisation de la péninsule, le régime de Kim Jong-un ne renoncerait pas pour autant à ses ambitions nucléaires. Enfin, cela pourrait exercer une pression sur la Chine qui se montre réticente dans l’exécution des sanctions contre son allié nord-coréen.

De leur côté, les opposants font valoir qu'une telle opération pourrait déclencher une nouvelle course aux armements nucléaires dans la région, d'une part, et que la division de la péninsule pourrait ainsi devenir définitive et permanente, d'autre part. Ils soulignent également que cela ne garantirait en rien le retour de Pyongyang à la table des négociations visant à terme à la destruction des armes nucléaires nord-coréennes. Enfin, une telle initiative allant à l'encontre du processus de non-prolifération nucléaire dans le monde devrait mettre Séoul et Washington sur la sellette.

Comme pour couper court aux controverses sur la question, le président sud-coréen Moon Jae-in s’est déclaré opposé à l’idée d’un redéploiement d’armes nucléaires tactiques américaines en Corée du Sud comme moyen de contrer la menace atomique nord-coréenne. Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN le 14 septembre, le chef de l’Etat sud-coréen a souligné que le déploiement d’armes nucléaires dans le pays ne permettrait pas de maintenir la paix sur la péninsule coréenne et conduirait à une course aux armements nucléaires en Asie du Nord-est.