Le demi-frère du leader nord-coréen Kim Jong-un a été assassiné le 13 février à l'aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie. Les suspects continuent d’être arrêtés par la police malaisienne. Alors que l’enquête est toujours en cours, les autorités sud-coréennes estiment que derrière cet homicide se trouve Pyongyang.

Le Service national du renseignement (NIS) de Corée du Sud a confirmé le 15 février que Kim Jong-nam, le fils aîné du défunt dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a été tué lundi par empoisonnement en Malaisie. Selon des sources gouvernementales et des médias sud-coréens, lundi dernier vers 9h du matin, dans le hall de départs de l'aéroport de Kuala Lumpur, Kim Jong-nam a été attaqué au moyen de poison par deux femmes. En se plaignant de douleur, il a demandé de l'aide au personnel de l'aéroport. Il aurait expliqué qu'il avait été aspergé au visage par une substance inconnue. Il est décédé en route vers un hôpital local.

La police malaisienne a indiqué que la victime portait un faux passeport, d'où la difficulté à l'identifier dans un premier temps. Au moment de l'attaque, Kim Jong-nam était en train de s'enregistrer sur une borne automatique pour prendre un vol à destination de Macao. Selon certaines sources, il aurait une maîtresse en Malaisie alors que sa famille habite à Macao.

Selon les images des caméras de surveillance, les deux suspectes se sont enfuies en taxi immédiatement après avoir commis l’attaque. La police malaisienne les a arrêtées le 15 et le 16 février. Elles détenaient respectivement un passeport vietnamien et indonésien. Alors que Séoul impute déjà ce meurtre au régime nord-coréen, les autorités malaisiennes n’écartent pas l’hypothèse que cet homicide aurait été commis par des tueurs à gage n’ayant pas forcément de lien avec Pyongyang.

Kim Jong-nam est né le 10 mai en 1971, de l'union de l'ancien dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et de sa première femme Sung Hae-rim. Il a fait des études à l'Ecole internationale de Bern et à l'Université de Genève. Dans les années 1990, il était pressenti pour succéder à son père à la tête du pays. Pourtant, au début des années 2000, sa position au sein du pouvoir s'est soudainement affaiblie. En mai 2001, il s'est fait arrêter par les autorités japonaises à l'aéroport de Narita après avoir tenté d'entrer au Japon avec un faux passeport de la République dominicaine. C’est depuis cet incident qu’il aurait perdu grâce aux yeux de son père.

Pendant ce temps-là, Kim Jong-un, né en 1984 de Kim Jong-il et de sa troisième femme Ko Yong-hee, a gagné la confiance de son père pour devenir finalement l'héritier du pouvoir nord-coréen. Kim Jong-nam était contraint de vivre en errance à l'étranger. Après l'investiture de son petit frère en décembre 2011, sa position s'était encore fragilisée. Notamment, il aurait connu des difficultés économiques extrêmes depuis que Jang Song-thaek, son oncle qui l'aidait, avait été exécuté par Kim Jong-un. Selon certaines sources, il vivait sous la protection des autorités chinoises. En effet, il ne se gênait pas pour critiquer le régime fondé par son grand-père, Kim Il-sung. Il s'est même déclaré opposé à la transmission du pouvoir sur trois générations, faisant ainsi figure de bête noire aux yeux du jeune leader nord-coréen. Ce qui étaye la thèse d'un assassinat commandité par Pyongyang.