La Corée du Sud a réalisé avec succès le tir d’essai d'un missile balistique de type Hyunmoo, d'une portée de 800 km, donc capable d’atteindre le territoire nord-coréen. C'est ce qu'ont annoncé jeudi dernier les autorités militaires sud-coréennes. Ce nouvel engin fait partie des armes stratégiques de Séoul qui pourront être mobilisées afin de frapper le commandement de la Corée du Nord en cas de guerre. Le test réussi devrait constituer un message d'avertissement fort adressé au régime de Kim Jong-un.

Le 6 mars dernier, un haut responsable du gouvernement a annoncé que le test de lancement d’un missile Hyunmoo a été récemment effectué sur le site d'essais d'Anheung de l'Agence pour le développement de la défense (ADD) et que le test a été qualifié de réussi. Selon ce responsable, le tir qui s'est déroulé en présence du ministre de la Défense, Han Min-koo, s'est avéré satisfaisant à tous points de vue, que ce soient le lancement, le vol ou la frappe de la cible. Il a fait savoir qu’en raison de la contrainte d’espace, il a fallu réduire la distance parcourue par le missile lors du test, en se focalisant sur d’autres aspects, tels que la précision.

D’après une source militaire, la Corée du Sud aurait déjà effectué à plusieurs reprises des essais de missile balistique d'une portée de 800 km et terminé récemment une évaluation définitive des performances de l'engin. Aujourd'hui, l'armée sud-coréenne prévoit de réaliser plusieurs tirs d'essais supplémentaires afin de s'assurer de sa fiabilité et de le déployer sur le terrain dans le courant de l'année.

L'armée sud-coréenne dispose actuellement de missiles balistiques de type Hyunmoo 2A et 2B, respectivement d'une portée de 300 km et de 500 km, ainsi que des missiles de croisière Hyunmoo 3 pouvant parcourir plus de 1 000 km. La portée des missiles balistiques et le poids des ogives nucléaires développés par la Corée du Sud sont en effet soumis à une limitation en vertu des directives relatives aux missiles sud-coréens, mises en place par Séoul et Washington. Depuis la dernière révision des directives en 2012, le pays du Matin clair peut développer des missiles balistiques d'une portée maximale de 800 km et des ogives nucléaires de 500 kg. Si l’engin d'une portée de 800 km est lancé depuis l'île méridionale de Jeju, il peut atteindre Sinuiju, la ville nord-coréenne située sur la frontière avec la Chine. Il couvre ainsi tout le territoire de la Corée du Nord.

C'est la première fois que les autorités militaires sud-coréennes ont révélé avoir réussi un tir d'essai de missile balistique d'une portée de 800 km. En règle générale, le développement des armes stratégiques tels que les missiles balistiques de type Hyunmoo se déroule en toute confidentialité. Si, malgré cela, l’exécutif a décidé cette fois-ci d'annoncer cette nouvelle, c'est qu'il a voulu lancer un avertissement au régime nord-coréen. Cette annonce intervient en effet au lendemain du tir par la Corée du Nord d'un missile balistique vers la mer de l'Est qui sépare la péninsule coréenne de l'archipel japonais. En avril 2012 également, Séoul avait dévoilé les images du tir d'essai du missile Hyunmoo 3 d'une portée de 1 000 km après le lancement de la fusée Unha 3 par Pyongyang.

Bref, la Corée du Sud poursuit ainsi ses efforts pour renforcer son système de répression et de représailles massives, appelé « KMPR » (Korean Massive Punishment and Retaliation) tout en cherchant à dissuader son voisin du Nord de toute nouvelle provocation.