Au moment où les tensions continuent de monter autour de la question nucléaire nord-coréenne, Pyongyang a critiqué ouvertement Pékin, son allié de longue date. Dans un éditorial publié le 4 mai, la KCNA, l'agence centrale de presse nord-coréenne, a dénoncé violemment les sanctions imposées par la Chine contre le régime de Kim Jong-un.

Le texte, signé sous le nom de Kim Chol, porte comme titre : « La Chine doit arrêter ses actes et paroles insensés qui minent les fondements des relations nord-coréano-chinoises. » Il critique les sanctions alourdies de la Chine contre son voisin en les qualifiant d'inadmissibles. D’après le texte, ces sanctions visent à « détruire les liens traditionnels d'amitié » entre les deux pays, et l’empire du Milieu a « franchi violemment la ligne rouge des liens bilatéraux ». Il indique également que la Corée du Nord est « victime des violations de ses intérêts stratégiques commises par la Chine à travers des actes de trahison ».

Dans ce texte, on peut lire notamment qu'il est hors de question pour Pyongyang de « mendier l'amitié de son allié chinois », pour précieuse qu'elle soit, si c'est au détriment de son programme nucléaire, chose vitale pour son existence.

Le ministère sud-coréen de la Réunification a relevé le caractère rarissime du commentaire tenu par la KCNA. Il estime toutefois que l'agence nord-coréenne a atténué les propos en les publiant sous le nom d'un individu. Ainsi, aurait-elle voulu éviter d'éventuelles fâcheuses conséquences sur le régime de Kim Jong-Un.

Les critiques émises par la Corée du Nord contre la Chine s'expliquent par le fait que Pékin a récemment fait preuve de son intention de coopérer avec Washington pour résoudre la question du nucléaire nord-coréen. La Chine a en effet décidé de suspendre ses importations de charbon nord-coréen sous la pression du président américain Donald Trump. Elle a même évoqué la possibilité de mettre en œuvre des sanctions supplémentaires comme l'interruption de l'approvisionnement du Nord en pétrole. Selon des observateurs, les relations entre la Corée du Nord et la Chine se trouvent plus que jamais aggravées et il n'est pas exclu que le royaume ermite se tourne désormais vers Moscou au détriment de ses liens traditionnels avec Pékin. Il n'est pas anodin, à cet égard que, le 30 avril dernier, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères Han Song-ryol a rencontré l'ambassadeur russe à Pyongyang Alexander Matsegora pour discuter de la situation de la péninsule coréenne.