L'étudiant américain Otto Warmbier est mort le 19 juin, six jours après sa libération dans un état comateux par la Corée du Nord qui l'avait détenu pendant 17 mois. La nouvelle de sa mort a bouleversé la société américaine. Les relations entre Pyongyang et Washington, déjà très tendues, risquent de s'aggraver encore davantage. Certains craignent d'éventuelles retombées sur le sommet entre le président sud-coréen Moon Jae-in et son homologue américain Donald Trump, prévu les 29 et 30 juin.

Dans un communiqué publié lundi, la famille d'Otto Warmbier a annoncé que le jeune homme de 22 ans est mort dans une clinique où il a été hospitalisé depuis son retour aux États-Unis le 13 juin. Elle a également dénoncé les traitements atroces qu'il a dû subir aux mains du régime nord-coréen.

L'étudiant de l'université de Virginie s'est rendu en Corée du Nord en janvier 2016 dans le cadre d'un voyage organisé. Arrêté, puis condamnée à 15 ans de travaux forcée pour « subversion » en mars de la même année par les autorités locales pour avoir tenté de voler une affiche de propagande dans son hôtel à Pyongyang, il a été plongé dans le coma peu après son procès. Le régime nord-coréen a indiqué qu'Otto Warmbier a souffert de botulisme, une forme d'intoxication alimentaire, et s'est retrouvé dans cet état après avoir pris des somnifères.

Pendant ce temps, la situation dans laquelle Otto Warmbier se trouvait était restée inconnue. Depuis plus d'un an, le consulat de Suède à Pyongyang a demandé à le rencontrer en personne mais le régime nord-coréen ne l'a pas autorisé. Ce n'est que le 6 juin dernier qu'on a appris des nouvelles du jeune homme lors d'une réunion entre la Corée du Nord et les États-Unis organisée d'urgence par l'entremise de l'ambassadeur nord-coréen à l'Onu. Selon certaines sources, le régime nord-coréen aurait demandé une contrepartie pour libérer Warmbier, mais Washington aurait refusé. Finalement, le représentant spécial du département d'État américain pour la Corée du Nord, Joseph Yun, s'est rendu à Pyongyang et a réussi à ramener Warmbier chez lui.

L'image du jeune homme qui atterrissait sur le sol américain dans un état comateux avait déjà suscité l'indignation de la population mais la nouvelle de sa mort a encore aggravé la colère des Américains. L'équipe médicale américaine a par ailleurs fait savoir qu'Otto Warmbier souffrait de graves légions cérébrales et ne présentait aucune trace de botulisme.

La mort d'Otto Warmbier devrait détériorer encore davantage les relations entre Pyongyang et Washington. Aux États-Unis, des voix s'élèvent pour demander l'interdiction de voyage vers la Corée du Nord. Donald Trump a publié un communiqué dans lequel il dénonçait la « brutalité » du régime.

De son côté, le président sud-coréen Moon Jae-in a envoyé un message de condoléances à la famille d'Otto Warmbier. Il a également exhorté Pyongyang à libérer rapidement les citoyens sud-coréens et américains détenus au Nord et affirmé que son gouvernement déploiera tous ses efforts possibles dans ce sens.

Cette affaire pourrait porter un coup dur à la politique nord-coréenne de Moon Jae-in qui prône un dialogue avec Pyongyang. Beaucoup sont curieux de savoir ce que les leaders sud-coréen et américain diront sur le dossier nord-coréen lors de leur premier sommet prévu dans quelques jours à Washington.