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Culture

La poésie (1) – Ku Sang (3)

2017-01-19

La poésie (1) – Ku Sang (3)
« Aujourd’hui l’éternité », recueil de poèmes de Ku Sang choisi, traduit du coréen et présenté par Roger Leverrier, paru aux éditions de La différence en 1997.

* Présentation du poète :
La poésie de Ku Sang révèle ce qui est au tréfonds de l'être, que l'on peut qualifier, selon Roger Leverrier, d'ontologique, d'existentielle et de métaphysique. Le traducteur dit : « l'auteur découvre dans les choses éphémères et en perpétuel changement — comme l'enseigne le bouddhisme pour lequel les phénomènes de la nature sont « vides », sans consistance et sans réalité vraie — la réalité qui échappe à l'œil de l'observateur incapable d'aller à l'essence. »
Le poète quant à lui nous confie dans l'avant-propos de son recueil « Aujourd'hui l'éternité » : « Si donc il me fallait donner une définition de l'orientation de ma poésie, je dirais qu'il s'agit en quelque sorte d'une profonde aspiration et d'une prière destinées à la rencontre avec l'éternité dans l'aujourd'hui, avec l'aujourd'hui dans l'éternité. Jusqu'à présent, j'ai vécu pour la poésie et, maintenant que je vis la seconde moitié de ma septième décennie, je n'ai plus le loisir de m'interroger au sujet de cette poésie, de concevoir de doutes concernant mon talent. Ainsi qu'il m'est arrivé de le dire au cours d'une entrevue avec des journalistes d'une revue littéraire, « pour la personne tombée à l'eau, le problème n'est point de se poser des questions, de se demander si elle nage bien ou mal, mais la nécessité de nager d'une façon ou de l'autre pour sauver sa vie » et, tant qu'il me restera un souffle de vie, je continuerai à écrire de la poésie avec une telle détermination et une telle résolution. »
Ku Sang s'est éteint en 2004 à l'âge de 85 ans.

* Poème

La rivière de Saint-Christophe


I
C'était tout simplement de l'eau.
Il y avait une énorme masse d'eau,
Et cette eau coulait abondante
Avec une parfaite indifférence.

Malgré son cours ininterrompu,
Elle restait au même endroit ;
Malgré cette immobilité,
A chaque instant, elle se renouvelait.

Malgré un tel renouvellement,
Elle était poursuite du passé ;
Malgré cette continuation du passé,
Elle se prolongeait dans l'avenir.

Ainsi réunis, le passé et l'avenir
N'étaient plus qu'un : le présent ;
Cependant, cet unique présent
Prenait une multitude de visages.

Avec ses multiples visages,
Il émettait de multiples voix ;
Tout en émettant de multiples voix,
Il restait indifférent à toutes choses.

Malgré son indifférence, il souffrait ;
Malgré sa souffrance, il restait indifférent
Et, s'il mourait avec indifférence,
Il renaissait tout en mourant.

II
La rivière coule,
Exempte des désordres du cœur,
Avec un corps parfaitement libre,
Comme le temps dans l'éternité.

La rivière coule,
Exempte du fardeau du corps,
Avec un cœur parfaitement pur,
Comme l'éternité dans le temps.

La rivière coule,
Réalité faite de néant,
Qui n'est ni esprit, ni chair.

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