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Culture

La poésie (3) – Pak Mog-weol (2)

2017-03-07

La poésie (3) – Pak Mog-weol (2)
« Le passant », recueil de poèmes de Pak Mog-weol traduit du coréen et présenté par Kim Hyeon-ju et Pierre Mesini, paru aux éditions Autres Temps en 2000.

* Présentation du poète :
Vers 1940, Pak Mog-weol part à Tokyo pour un séjour de deux mois, pendant lesquels il aborde le monde littéraire japonais imprégné de modernisme occidental. Il ne tardera pas à se rendre compte que celui-ci ne correspond ni à sa vision poétique ni aux sentiments qu’il éprouve pour son pays natal. Au bout d’un voyage d’une vingtaine de jours sur la côte est, il revient à Gyeongju et reprend son travail à la coopérative.
Alors que le Japon tente d’imposer sa langue sur tout le territoire coréen, les journaux et les revues du pays du Matin clair cessent leur publication et il devient impossible de publier en langue coréenne. Pourtant, le jeune poète continue à remplir ses cahiers de poèmes pour atténuer sa solitude et sa frustration.
En 1942, Pak fait la rencontre du poète Jo Ji-hoon. C’est en repensant à cet ami qu’il écrit le célèbre poème « Le passant ». En 1946, après la libération de la Corée, Pak Mog-weol publie avec Jo Ji-hoon et Park Du-jun un recueil de poèmes intitulé « Cerf bleu ». C’est dans la Nature que les trois amis puisent leur inspiration. Mog-weol y chante les émotions et la pensée des Coréens dans un langage très élaboré et son style qui fait preuve d’un niveau extrême de sensibilité et d’imagination lui permet de prendre place parmi les plus grands poètes lyriques de l’époque. L’année suivante, il arrête son travail à la coopérative et un an plus tard, il devient professeur au lycée pour filles d’Ewha.
Les traducteurs Kim Hyeon-ju et Pierre Mesini expliquent : « Après l’exode dû à la guerre et son retour à Séoul, la mort de son père et de son frère plus jeune vont provoquer chez Mog-weol un changement dans son monde poétique jusque-là fait de mots feutrés et pleins de charme. Dès lors, il « quitta ce monde-là avec sa jeunesse pour, au contraire, ouvrir les yeux à la vie ». Ce qui va caractériser ses poèmes, c’est davantage un style direct proche de la prose qu’un mode d’expression qui suggère, c’est davantage la vie pauvre que la Nature. »

* Poèmes
Le passant

Comme va la lune à travers les nuages
Passant qui va...

Son chemin à travers les blés
Une fois le fleuve franchi en barque

Route, unique cordon,
Trois cent lis dans le Sud

Embrasement du soleil couchant
Sur chaque village où le vin est bon

Comme va la lune à travers les nuages
Passant qui va...

Mise en terre

On a descendu le cercueil...
Comme si on le faisait coulisser avec des cordes au fond de mon cœur.
Seigneur,
Accueillez-le !
J’ai posé la bible à sa tête
Et moi, jetant la terre contenue dans le pan de mon vêtement,
Je l’ai quitté.
*
Après quoi
Je l’ai rencontré en rêve.
Son visage au long menton m’a regardé
Puis il m’a appelé :
« Grand frère ! »
« Oui ! » Ai-je répondu de tout cœur.
Malgré tout, il ne m’aura pas entendu.
A présent,
Ici, où moi seul entends ta voix,
Monde où tombent la neige et la pluie...
*
Toi, où t’en es-tu allé ?
Avec ton clin d’œil gentil, et plein de regrets, et affectueux
Ici seulement
Où la voix de ton appel : « Grand frère ! »
Retentit
Mais où ma voix ne peut t’atteindre,
Monde où retentit le bruit : « Ploc ! »
Quand tombe le fruit...

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