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Culture

La poésie (10) – Yun Tong-ju (3)

2017-09-05

La poésie (10) – Yun Tong-ju (3)
« Ciel, Vent, Etoiles et Poèmes », recueil de poèmes de Yun Tong-ju traduits par Kim Hyeon-ju et Pierre Mesini, paru aux éditions Autres Temps en 1997.

* Présentation du poète :
En 1942, Yun Tong-ju arrive au Japon pour poursuivre ses études à la faculté des lettres de l’université Rikyo de Tokyo, dans la section langue anglaise. Quant à son cousin Song Mong-gyu, il s’inscrit à l’université de Kyoto, section histoire. En juillet 1943, pendant les vacances d’été, Song Mong-gyu est arrêté à Kyoto par la police, suspecté d’activités en faveur du mouvement pour l’indépendance. Quelques jours plus tard, c’est Yun Tong-ju qui sera arrêté. Ses livres, ouvrages et journaux en coréen lui sont confisqués. L’année suivante, les deux cousins passent en procès et finissent par être condamnés à deux ans de travaux forcés pour crime de transgression du cinquième article de la loi du maintien de la sécurité prohibant toute activité à visée indépendantiste.

* Poème
La nuit où je compte les étoiles

Le ciel qui voit passer les saisons
Est plein d’automne à ras bord.

Moi, sans le moindre problème,
Les étoiles du tréfonds de l’automne il me semble les compter toutes.

Qu’au fond de mon cœur, une, deux étoiles gravées
Je ne les comptes présentement
C’est tout simplement à cause du matin qui arrive,
Des nuits de demain qui restent,
De mes jeunes années pas encore achevées.

A une étoile tel souvenir,
A une étoile tel amour,
A une étoile telle solitude,
A une étoile telle aspiration,
A une étoile tel poème,
A une étoile ma mère, ma mère...

Mère, chaque étoile je l’appelle d’un unique nom merveilleux. Du nom des enfants avec lesquels je partageais la table d’étude au temps de l’école communale, et du nom des fillettes étrangères comme P’ei, Ching, Yü et du nom des gamines déjà devenues mères, et du nom des pauvres voisins, et du nom de pigeon, de toutou, de lapin, de mule, de chevreuil, de poètes tels que Francis Jammes, Rainer Maria Rilke.

Tous ceux-ci sont trop loin,
Comme sont loin, dans le vague, les étoiles.

Mère !
Vous aussi vous êtes loin dans le Pukkando.

Et moi languissant après je ne sais quoi,
J’ai écrit les lettres de mon nom
Sur la butte où tombe la clarté de ces étoiles sans nombre
Puis les ai recouvertes de terre.

Quant aux insectes qui pleurent la nuit durant
C’est qu’ils déplorent mon nom infâmant.

Mais, passé l’hiver, quand pour mon étoile aussi viendra le printemps,
Comme sur une tombe pousse le vert gazon
Sur la butte aussi où est enseveli mon nom
L’herbe, fièrement, poussera dru.

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