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Culture

La poésie (10) – Yun Tong-ju (4)

2017-09-12

La poésie (10) – Yun Tong-ju (4)
« Ciel, Vent, Etoiles et Poèmes », recueil de poèmes de Yun Tong-ju traduits par Kim Hyeon-ju et Pierre Mesini, paru aux éditions Autres Temps en 1997.

* Présentation du poète :
En prison, Yun Tong-ju lit le Nouveau Testament en japonais tout en le comparant avec une traduction anglaise qu’on lui a fait parvenir de chez lui à sa demande. Le 18 février 1945, quelques mois avant la libération de la Corée, un télégramme arrive au pays natal du poète : « le 16, Tong-ju décédé, prendre livraison corps ». Son père et un cousin se précipitent au Japon et parviennent à avoir une entrevue avec Song Mong-gyu. Selon ce dernier, Tong-ju recevait quotidiennement une piqûre et qu’il était d’une très grande maigreur. Le cadavre sera incinéré en présence du père qui emportera les cendres. Tong-ju est enterré au cimetière de l’église Tongsan à Longjing. Le 10 mars, Song Mong-gyu quitte ce monde à son tour dans la même prison.
Ce n’est qu’en 1976 que les poèmes de Yun Tong-ju ont été publiés dans leur intégralité sous le titre de « Ciel, vent, étoiles et poèmes », après plusieurs éditions partielles.

* Poèmes

Poème facilement écrit

Au-delà de la fenêtre la pluie nocturne qui murmure...
Une pièce de six tatamis, en pays étranger,

Tout en sachant qu’être poète est un bien triste sort
Ecrirais-je un poème ?

Fleurant tendrement bon sueur et amour
L’enveloppe de la pension scolaire que vous m’avez envoyée, je l’ai reçue.

Mon cahier d’universitaire sous le bras
Je vais écouter le cours d’un vieux professeur

Mais j’y pense, mes camarades d’enfance
Un, deux, ils ne sont plus là.

Et moi en quête de quelque chose,
Serait-ce seulement que je m’enlise en ma solitude ?

La vie, dit-on, est difficile à vivre,
Aussi, est-ce une honte
D’écrire aussi facilement un poème.

Une pièce de six tatamis, en pays étranger
Au-delà de la fenêtre la pluie nocturne murmure...

Alors allumant la lampe je chasse un peu les ténèbres
Mon dernier moi, comme ma génération, attend le matin à venir.
Je me tends à moi-même une main fragile,
Toute première poignée de main saisie dans les larmes et le réconfort !

La nuit de mon retour

Comme si je revenais du monde, à présent, de retour dans mon étroite chambre, j’éteins la lumière. La laisser allumée est trop fatigant. C’est qu’elle rallonge les jours...

A présent, la fenêtre ouverte, il faudrait faire entrer et changer l’air. J’ai beau regarder tranquillement dehors, il fait aussi noir que dans la chambre : exactement comme le monde. La route par laquelle je suis venu sous la pluie, telle qu’elle est gorgée d’eau.

Sans avoir pu me débarrasser du ressentiment de la journée, lorsque tranquillement je ferme les yeux, une voix se glisse en mon cœur... et à présent, une pensée comme une pomme, mûrit toute seule.

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