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La Bourse de Séoul se porte mieux que jamais. Son indice de référence, le Kospi, n’a cessé de battre son propre record depuis plusieurs mois pour franchir la barre symbolique des 3 000 points dans la matinée de mercredi et clôturer à 2 968,21 points le même jour. Un moment marquant. En effet, le Kospi a atteint le seuil des 3 000 points pour la première fois de son histoire, 13 ans et cinq mois après avoir dépassé celui des 2 000 points en juillet 2007. C’est une ascension d’autant plus vertigineuse qu’il avait dégringolé jusqu’à 1 457 points en mars dernier dans un contexte où la crise du COVID-19 faisait régner un fort pessimisme sur la perspective conjoncturelle.

Le franchissement des 3 000 points revêt une grande signification pour deux raisons. Tout d’abord, cela montre que l’économie sud-coréenne inspire la confiance aux investisseurs en suggérant que ses fondamentaux sont suffisamment solides pour surmonter la crise du nouveau coronavirus. Par ailleurs, il était souvent fait mention du « Korea Discount », la sous-évaluation de la Corée du Sud sur le marché boursier par rapport à sa dimension économique et à ses performances. Ce phénomène est lié à l’inquiétude sécuritaire sur la péninsule coréenne divisée, au manque de transparence au sein des entreprises, et aux problèmes structurels de la Bourse de Séoul, entre autres. Même si tout n’est pas encore réglé, quelques progrès ont été réalisés, ce qui a permis la montée en flèche du Kospi. Ensuite, alors que la Bourse de Séoul était autrefois à la merci des investisseurs étrangers et institutionnels, elle a été cette fois-ci tirée vers le haut à l’initiative des particuliers. L’an dernier, les étrangers ont vendu des titres pour un montant total de 24 500 milliards de wons et les institutions pour 25 500 milliards, tandis que les particuliers en ont acheté en masse pour 47 400 milliards de wons. Selon des experts, les investisseurs individuels ont tiré des leçons des deux crises financières de 1997 et 2008. Ils savent que toute chute boursière est suivie d’un rebond des cours.

Cette tendance haussière devrait se prolonger, étant donné que le montant de l’argent déposé sur des comptes-titres en attente d’être investis à la Bourse a atteint son plus haut niveau pour frôler les 70 000 milliards de wons. Cela laisse croire que le Kospi devrait se stabiliser au-dessus des 3 000 points.

Néanmoins, il reste deux grandes sources d’inquiétude. D’une part, l’écart ne cesse de se creuser entre l’économie réelle et le marché financier. En effet, le Kospi poursuit son vol à haute altitude, tandis que la conjoncture économique est mise à mal par le renforcement des mesures de distanciation sociale. D’autre part, les individus sont nombreux à s’endetter pour investir en Bourse. Certes, les gains sont substantiels lorsque la tendance est haussière, mais si la situation se retourne, les pertes seront tout autant abyssales.